Ose comprendre ton besoin de validation
- Mylene Guilbert
- 1 oct.
- 4 min de lecture

Le poids invisible de la validation
Les réseaux sociaux sont devenus le théâtre principal de notre besoin d’approbation. Un post, une photo, une idée partagée attendent leur verdict sous forme de cœurs, de pouces levés, de commentaires enthousiastes. Chaque notification agit comme une petite dose de reconnaissance. On se sent vue, entendue, acceptée. Mais derrière ce rituel moderne se cache une réalité plus profonde : ce besoin n’a pas commencé avec Instagram ou LinkedIn. Les plateformes n’ont fait que lui donner un miroir amplifié.
Depuis l’enfance, on apprend à chercher le regard de l’autre. Un sourire, un bravo, un signe d’approbation venaient confirmer qu’on était sur la bonne voie. Devenu adulte, ce mécanisme persiste et s’adapte aux nouveaux contextes. Pourtant, lorsqu’il prend trop de place, il nous enferme dans une attente constante du jugement extérieur. Et sortir de ce réflexe n’est pas simple : cela demande du temps, de la conscience et une certaine dose de courage.
L’illusion de sécurité
Chercher la validation, c’est souvent chercher une forme de sécurité émotionnelle. On croit que si les autres approuvent, alors on est à l’abri du rejet ou de l’échec. Mais ce confort est fragile, car il dépend d’un facteur qui ne nous appartient pas.
Une cliente en coaching m’a confié qu’avant chaque décision importante, elle appelait plusieurs personnes pour « vérifier ». Elle disait : « Si tout le monde est d’accord, je peux y aller. » Son sentiment de sécurité reposait sur l’opinion d’autrui, jamais sur elle-même.
Les réseaux sociaux renforcent ce réflexe. On ne se demande plus seulement : « Est-ce que je prends la bonne décision? », mais aussi : « Est-ce que ça va plaire? » Les likes deviennent un feu vert qui conditionne notre légitimité.
La validation comme carburant de l’estime
Un compliment, une reconnaissance publique, une promotion : autant de signaux qui semblent prouver notre valeur. Mais si l’estime de soi dépend constamment de l’extérieur, elle s’effondre dès que le feedback se fait rare.
En ligne, l’absence de réactions prend une valeur démesurée, comme si elle définissait notre pertinence. Pourtant, le nombre de clics n’est qu’un indicateur biaisé. La vraie estime se construit dans la cohérence avec nos valeurs et la capacité à avancer même quand l’écran reste silencieux.
Apprendre à dissocier son estime de soi du feedback extérieur est un processus exigeant. Ce n’est pas un bouton qu’on éteint ou qu’on allume, mais un travail répété qui demande patience et persévérance.
Quand la peur s’invite
Derrière ce besoin d’approbation se cache souvent la peur : peur du rejet, d’être inadéquat, de se tromper. La validation devient une stratégie pour calmer cette angoisse, mais elle freine l’audace et étouffe l’authenticité.
Aujourd’hui, cette peur prend aussi la forme du « post qui tombe à plat ». Comme si le manque de réactions virtuelles confirmait nos doutes intérieurs. Or, le silence en ligne n’a jamais été une mesure fiable de notre valeur. Sortir de ce piège, c’est accepter que ce sera inconfortable et qu’il y aura des moments de doute, mais que ces moments font partie du chemin.
L’impact sur les relations
Chercher constamment l’approbation finit par abîmer les relations. L’autre se retrouve responsable de notre bien-être émotionnel et de nos choix. Avec le temps, cette posture fatigue l’entourage et crée un déséquilibre.
En ligne, la logique est similaire. On n’interagit plus pour partager, mais pour s’assurer d’être remarqué. La relation devient une transaction implicite : « Je t’accorde un like, tu me valides en retour. » Cette mécanique crée de la distance au lieu de renforcer les liens.
Retrouver le centre de gravité
Le défi n’est pas d’éliminer le besoin de validation, il est humain. Mais il doit retrouver sa juste place. L’objectif est d’écouter d’abord sa propre voix, puis d’accueillir l’écho extérieur sans en dépendre.
Un simple exercice consiste à se demander avant toute décision : « Qu’est-ce qui fait sens pour moi, indépendamment des avis extérieurs ou des statistiques d’engagement? »
Ce retour à soi n’est pas instantané. C’est un entraînement, parfois frustrant, souvent inconfortable, mais chaque pas compte. Et peu à peu, cette pratique libère.
Le rôle du coaching
En coaching, ce thème revient fréquemment. Beaucoup de clientes disent ne pas se sentir légitimes sans l’approbation d’un pair ou d’une autorité. Travailler sur ce réflexe, c’est leur permettre de découvrir que la validation recherchée à l’extérieur correspond à un besoin intérieur insatisfait.
Un exercice courant consiste à formuler une décision à voix haute, sans chercher de réaction. Cela aide à reconnecter avec son propre ressenti. Comme publier un post sans vérifier compulsivement les notifications : se donner l’occasion d’éprouver sa propre validation avant de chercher celle des autres.
Se réapproprier sa valeur
Reprendre le pouvoir, c’est reconnaître sa valeur même en silence. Célébrer une réussite sans attendre de likes, se féliciter d’une étape franchie sans témoin, dire non sans craindre de déplaire.
Petit à petit et parfois avec des reculs en chemin, la validation externe reprend sa juste place : un bonus, pas l’essence de notre identité.
Avancer malgré le regard des autres
Le jour où l’on agit même sans approbation, quelque chose bascule. Les jugements existent toujours, mais ils ne dictent plus la trajectoire. On découvre une liberté inattendue, une solidité nouvelle.
Sur les réseaux sociaux, cela peut vouloir dire publier une idée sans chercher la performance immédiate. Parfois, l’impact réel se mesure non pas en clics, mais dans le silence d’une personne touchée, qui n’aura jamais réagi publiquement.
Oser se valider soi-même
Le besoin d’acceptation ne disparaît pas, mais il peut cesser d’être une prison. En apprenant à s’accorder sa propre validation, on transforme le regard des autres en miroir optionnel.
Oser se valider soi-même, c’est se dire : « Ça suffit que je croie en moi pour avancer. » Ce ne sera pas évident au début, et il y aura des moments de doute. Mais la confiance ne vient pas de l’extérieur : elle se construit dans le courage de s’écouter, même quand c’est difficile.
Avancer avec sa propre boussole
Nous cherchons tous la validation. Mais le jour où elle coexiste avec une autonomie intérieure, les regards cessent d’avoir le pouvoir d’éteindre ou d’allumer notre lumière.
Et si tu essayais aujourd’hui, à petite échelle? Avant de demander un avis, prends un instant pour valider ton choix toi-même. Ce ne sera peut-être pas évident au début, mais observe la différence. Parfois, c’est dans ces micro-décisions répétées, imparfaites et réelles que naît la vraie liberté.
Et si tu veux en parler, je suis là.
Mylène



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