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Avant l'épuisement: ose voir les signaux

Femme fatiguée et épuisée dans son lit

Quand tout semble encore sous contrôle


L’épuisement professionnel ne frappe pas d’un coup. Il s’installe doucement, presque poliment, dans nos vies bien remplies. Il se glisse dans les phrases qu’on répète machinalement...“je vais tenir”, “ça va passer”, “c’est une grosse période” et dans les soirs où l’on rouvre l’ordinateur parce qu’il reste encore “juste deux ou trois choses à régler”. Au début, tout semble normal. On est fatigué, certes, mais efficace. On avance, on livre, on gère. Jusqu’à ce qu’un matin, quelque chose se fende à l’intérieur : plus de motivation, plus d’élan, plus de souffle.


Il se trouve que j’ai écrit cet article après avoir écouté cet épisode du balado Un café avec Judith intitulé « Burn-out au travail : 3 symptômes qui ne trompent pas (et quoi faire) » animé par Judith Fetzer avec Nicolas Chevrier comme invité. Je t'invite à écouter ce balado percutant. Il regorge de bonnes pépites pour mieux comprendre comment l'épuisement s'installe et comment on peut s'en protéger avant qu'il ne prenne toute la place. Ce que j’ai entendu dans cette discussion a résonné profondément: les signaux décrits, je les avais vécus, je les avais ignorés.


Je me souviens avoir frôlé cette limite sans la voir venir. J’étais convaincue d’être solide, organisée, capable de tout porter. J’ai ignoré les signaux : les insomnies, les tensions dans le dos, la tête toujours en marche même la nuit. Je pensais que ralentir serait trahir mes engagements, ma rigueur, ma crédibilité. Ce que je ne savais pas encore, c’est que je m’étais laissée happer par ce que l’on appelle la hustle culture, ou la culture de l'hyperproductivité, cette culture du rendement constant qui valorise ceux et celles qui donnent tout, tout le temps.



Le glissement invisible


Avant l’épuisement, il y a ce glissement doux mais tenace. Tu continues à livrer, à sourire, à jouer ton rôle. Mais l’intérieur se fissure. Tu avances par automatisme, sans grande joie. Tu t’éloignes de l’élan qui portait ce que tu faisais. Et comme tout semble fonctionner, personne ne s’en alerte. Ni tes collègues, ni tes proches, ni toi-même.


Une personne accompagnée m’a dit un jour : « Même en vacances, je n’arrivais plus à me détendre.» C’est une phrase simple, mais pleine. Elle dit à quel point on peut être prisonnier d’un rythme qui ne laisse pas de place à la pause. La hustle culture tend à rendre la fatigue normale, presque valorisante : tu tiens, donc tu vaux. Tu donnes encore, donc tu es digne. On en vient à oublier qu’on peut donner autre chose que ce qui use.



Le corps, ce messager obstiné


Le corps, lui, ne triche pas. Il parle d’abord par des petits signes : tension, migraines, palpitations, sommeil haché. Quand on n’écoute pas, il monte le ton. Il impose l’arrêt. Il oblige la pause. Ce que beaucoup appellent “tomber en burn-out” est souvent l’aboutissement d’une histoire silencieuse entre toi et ton corps.


Souvent, les premiers craquements sont invisibles : oublis, irritabilité, incapacité à ressentir de la joie même quand tout semble en place. Ces signaux précoces sont ceux qu’on balaye parce qu’ils ne sont pas dramatiques. Pourtant, ce sont eux les témoins silencieux de la montée d’un déséquilibre. Ignorer ces fissures, c’est accepter que tout bascule, parfois trop brutalement.



L’illusion du contrôle


Avant de tomber, on croit souvent que tout est encore sous contrôle. On anticipe, on planifie, on gère. On se persuade que la force, c’est de ne jamais flancher. Mais cette illusion est une façade. Plus on contrôle, plus on se coupe du vivant, du sens, de l’élan, de la légèreté.


La hustle culture alimente cette illusion : elle célèbre les personnes “qui tiennent”, les journées longues, les horaires de fous. Elle répète que le repos est un déficit, que ralentir est un retour en arrière. Mais la maîtrise froide finit par creuser l’intérieur. J’ai vécu cette spirale : tout semblait ordonné, fluide, mais l’essentiel avait déjà glissé hors de mon regard.



Un angle trop souvent ignoré : le corps des femmes


Quand on parle d’épuisement professionnel, on oublie souvent l’aspect biologique, particulièrement chez les femmes. Les fluctuations hormonales, la périménopause, la ménopause : ces réalités corporelles jouent un rôle dans l’énergie, la concentration, la résistance au stress. Elles peuvent amplifier la fatigue, rendre les signaux plus sournois, brouiller la clarté.


Dans un contexte où la performance est valorisée, ces sujets restent souvent tus. Et c’est dommage : pour prévenir l’épuisement, on ne peut ignorer ce que le corps traverse. Je t’invite à lire un article complémentaire sur cette dimension : Ose traverser le feu : hormones, performance et silences en milieux professionnels


Cette perspective enrichit celle-ci, en montrant combien le corps, dans ses cycles, réclame qu’on l’écoute, pas qu’on le domine.



Revenir avant la rupture


Prévenir l’épuisement, c’est refuser de vivre dans la logique du “toujours plus”. C’est accepter que ralentir ne soit pas un recul, mais un geste d’ancrage. C’est reconnaître que le repos et la pause sont des piliers de la durabilité.


Revenir à soi, c’est réapprendre le contact avec sa respiration, ses limites, ses désirs. C’est oser choisir moins pour vivre mieux.


Parmi les leçons que j’ai reçues, par mon vécu, par mes clientes, et par les résonances de ce balado, celle qui revient le plus souvent est celle-ci : on a toujours un pas pour revenir.



Des questions à se poser avant qu’il ne soit trop tard


Avant que le corps ou le cœur ne crient, laisse ces questions venir :


  • Qu’est-ce que je cherche à prouver, encore et encore ?

  • Jusqu’à quand vais-je tolérer mon énergie usée comme s’il s’agissait d’une norme?

  • Est-ce que je ressens encore du plaisir dans ce que je fais ?

  • Quand ai-je vraiment décroché, sans culpabilité, pour respirer librement ?

  • Si je continue sur ce rythme pendant un an, que restera-t-il de mon âme, de ma présence ?

  • Qu’est-ce qui changerait si je décidais de ralentir maintenant ?


Ces questions ne nécessitent pas de réponses définitives dans l’immédiat. Elles demandent d’oser une pause, d’accueillir l’inconfort, de commencer à écouter ce qui se tait en toi.



Si tu sens que tu t’éteins


Si, en lisant ces mots, quelque chose vibre, ne l’ignore pas. Ce pourrait être ton signal. L’épuisement n’est pas une fatalité : il est une alerte, une invitation. Tu peux choisir de prendre le virage. Tu peux choisir de revenir à toi, maintenant.


Le chemin du retour commence par la douceur, la patience et la résolution de ne pas compter chaque moment vécu uniquement à travers ce qu’il produit.


Tu veux en parler ?Je t’invite à une rencontre exploratoire, un moment pour faire le point avant que la fatigue n’occupe tout ton espace.


Mylène




P.S.: Quand la fatigue est devenue trop lourde, quand la tristesse s’installe ou que tout semble flou, consulter un professionnel de la santé mentale peut être un geste de courage et de soin. Certaines blessures exigent un espace thérapeutique, médical ou psychologique. Et c’est aussi cela, prendre soin de soi : reconnaître quand le coaching, la réflexion ou la pause ne suffisent plus.

 
 
 

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